LE LAIT DE MARIE

Création 2019

2015 : Nous venions quelques semaines auparavant d’acquérir la maison au fond des bois dont nous rêvions et déjà secrètement, sans le savoir , les vieilles pierres nous chuchotaient leurs mystères.
Qui était ceux qui étaient là avant ?
Qui avait créé ces parcelles de terrain, construit ces maisons, fait ces murs de pierres dressées ?
Qui avait planté, laissé croitre ces grands arbres ?
J’étais frappé de regarder le pays et de laisser mon imagination fourmiller de mille époques. Une curiosité immense naissait en moi. Les livres s’ouvraient. Les époques se dévoilaient délicieusement. Je ressentais la multitude des anciens.
Cet immense collier humain dont chaque vie est une perle, ou plutôt une bulle de savon.
Qui se rappelle les vies qui s’effacent ? Tous les anciens oubliés ? Déjà morts deux fois et pour jamais.
Une première, lorsqu’ils ont rendu à la Terre leur dernier souffle, puis une seconde, quand plus personne ne se souvient qu’ils ont un jour existé.
Ce sera bientôt notre tour.
De nos pas, nous foulons les leurs. Nous touchons les objets qu’ils ont fabriqués. Goûtons les fruits des arbres qu’ils ont plantés.
Dans cette recherche sans but, absolument ludique et rêveuse, des premiers hommes à nous, en passant par les celtes, des mégalithes au Dolmen, en passant par les chapelles templières, des livres d’histoire au roman de Balzac, de Zola , de Maupassant, au détour d’une lecture, j’apprends l’existence des nourrices ; je prends conscience de ce que ce mot « nourrice » signifie ; je prends conscience de leurs tourments, de leurs souffrances et mon esprit de suite s’emballe.
Je suis immédiatement en empathie pour ces femmes qui partent, ces hommes qui restent, ces enfants loin de leurs mères qui souvent meurent.
Cela me bouleverse.
Comment peut-on laisser son enfant pour en nourrir un autre, inconnu ?
Pour de l’argent ?
Comment en arrive-t-on là ?
Quel monde peut accoucher de telles situations ?
Et un matin, comme une source claire au printemps se fraye passage au milieu des roches, l’écriture vient. Des personnages naissent, des scènes jaillissent sur le papier.
Je suis projeté en MORVAN, en 1866, non loin de là où nous posons les pieds, au milieu des arbres qu’ils ont su ne pas couper, au milieu de leurs champs. Le même ciel, le même vent.
Dans notre petite ferme perdue au milieu des bois, une histoire se créait.
C’est une histoire d’amour.
Marie et Pierre, paysans propriétaires de quelques hectares à peine satisfaisants comme il y en a tant à l’époque, s’aiment d’un immense amour ; Ils vivent simplement dans les bras providentiels et parfois cruels de la nature.
Notre histoire commence quand la vie les projette l’un contre l’autre comme homme et femme.
Marie attend vite un enfant et le destin va s’amuser à éprouver leurs forces, leur amour, leur humanité.
La révolution industrielle est déjà là qui transforme le monde, créait des grandes villes anthropophages qui attirent les hommes de partout et métamorphosent leurs existences.
N’épargnant aucun être vivant, l’argent est là, fidèle soldat de ces villes conquérantes.
Marie sera obligée d’y vendre son lait. Le lait de leur petit.
Elle y vivra une odyssée et Pierre, restant seul avec leur fils, aussi.
Elle y croisera des personnages emblématiques.
Un docteur qui ne sait trop que faire.
Une meneuse qui cherche les enfants à naitre pour leur voler leur lait, et par conséquent leur mère.
Des riches sans conscience qui ne veulent pas allaiter leurs gosses.
Des domestiques.
Toute cette ronde dont le chef d’orchestre se nomme argent et progrès.
Jusqu’où peut-on aller pour l’argent ? Jusqu’où va-t-on aujourd’hui pour lui ?
Vendre son corps, vendre sa force, vendre son lait.
Jérôme ROBART

Écrit et mis en scène par Jérôme Robart

Résumé : 1866, en plein Morvan. Histoire d’amour au cœur de l’industrie du lait. Rapport à l’argent. Jusqu’où va-t-on pour vendre ?

Objectif : Montrer comment l’argent avec la révolution industrielle est entré dans nos vies. Parler d’une histoire ayant touchée les familles du Morvan. Leur donner envie d’aller voir la vie de leurs aïeux et de pousser la porte d’un théâtre.

Nombre acteurs : de 8 à 11

Durée : 2 heures

Disposition scénique : Bi-frontal

Techniciens : régisseur lumière, régisseur son